21 mars 2009

Une belle trilogie ligérienne

Les RTT c'est bien ! Cela m'a permis d'organiser un petit week-end entre Chinon, Saumur et la Haie Longue, sur la corniche Angevine. Sur les conseils de quelques amis internautes (merci Laurent et Philippe), trois rendez-vous avaient été pris, agrémentés par un Magical Mystery Tour....istique.
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Après deux bonnes heures d'autoroute sans grand intérêt, si ce n'est de donner du temps au temps, premier arrêt dans le village de Crissay sur Manse, près de l'Ile Bouchard. Balade dans le village (classé l'un des plus beaux village de France), avec ses maisons en tuffeau et les ruines d'un château daté du XV° siècle.
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Puis, non loin de là, une courte escapade (de loin car le site est malheureusement privé) sur les ruines de la Collégiale des Roches Tranchelion (commune d'Avon les Roches)
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avant de voir apparaître les premières vignes, dans lesquelles les arbres nous réservent des vues presque surréalistes.
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Première halte vineuse : le domaine Pierre Sourdais à Cravant les Coteaux (également connu sous le nom de « Moulin à Tan », endroit où l'on broyait le brou de noix afin de tanner les peaux). Le domaine possède également des gîtes pour 4 / 5 personnes, situés au beau milieu des vignes.
Chinon les Rosiers 2007 (vin issu de jeunes vignes de plaine, sur sols sableux) : un vin de demi-corps, presque sans tannin. Un nez explosif de fruits acidulés, qui se retrouve en bouche. Frais et gouleyant. L'archétype du vin de copains sans prétention, à boire en été, légèrement frais, accompagnant un barbecue ou une assiette de charcuterie.
Chinon Tradition 2007 (terroir de mi-pente, argilo-calcaire à calcaire): un nez déjà plus sérieux, montrant une vinosité plus importante. En bouche, le vin est tendu par une belle acidité et une droiture « poivronnée » mure, qui soutient son aspect fruité. Finale soyeuse, presque réglissée, avec une pointe d'astringence qui va se fondre rapidement.
Chinon, réserve Stanislas 2006 (cuvée Vieilles Vignes, sur sols calcaires exclusivement) : grosse matière au nez, un peu muet au premier abord. S'ouvre ensuite sur des fruits rouges et noirs. Belle charpente tannique qui finit par une astringence noble. A laisser vieillir impérativement encore quelques années.
Chinon, réserve Stanislas 2005 : bizarement, le 2005 m'apparaît plus rond, plus polissé, presque déjà prêt à boire. Une très belle matière également qui fera, pour de nombreuses années encore, un beau vin de gastronomie.
Chinon, Les Boulais 2006 (sélection parcellaire, sur sol calcaire, élevé partiellement sous bois neuf) : Enorme matière qui apparaît bien mûre au nez. Notes vanillées et boisées présentes, mais relativement discrêtes. Bouche ronde, presque sucreuse. Beau fruité agréable. Assez tannique. Un vin qui n'est pas encore complètement en place, mais dont les différents constituants et l'équilibre actuel laissent envisager une garde certaine.
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Sur la route entre Cravant les Coteaux et Saumur, une halte improvisée à Candes St Martin (classé l'un des plus beaux villages de France également) pour visiter la Collégiale Saint Martin, un chef d'oeuvre de l'art religieux gothique fortifié.
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Deuxième halte vineuse : Sébastien Bobinet à Saumur. Dégustation sur fûts des Saumur Champigny 2008 (malo non faite) dans un premier temps.
Cuvée Greta Carbo : comme son nom l'indique (un humour décalé, j'adore), ce vin est issu d'une très courte fermentation à la beaujolaise, et cela se ressent dans le vin. Nez encore pétillant, mais qui ne cache pas un fruité acidulé explosif. Bouche gouleyante, acide et fruitée, de demi-corps et sur une charge tannique très évanescente. Un vrai vin de soif.
Cuvée Echailler : issu d'une fermentation plus traditionnelle et plus longue. Au nez, le vin apparaît plus sérieux et plus vineux. En bouche, la charge tannique est légère, afin de privilégier l'aspect fruité. Belle finale fraîche et tendue.
Cuvée Amateus Bobi : UN NEZ EXCEPTIONNEL, sur les fruits rouges et noirs, légèrement réglissé, avec une touche de compotage mais sans lourdeur ni molesse. Une bouche soyeuse, enveloppante, tendue par une belle acidité. Finale assez tannique, mais avec une astringence modérée, comme si les tannins étaient déjà plus ou moins polissés et civilisés. Enorme vin en devenir (pour moi, quasiment du niveau de ceux du Clos Rougeard).
Pour finir, Amateus Bobi 2007 en bouteille : Que dire sinon LA CLASSE !!! Soyeux, racé, tannins nombreux mais pas agressifs et déjà polissés, droiture en bouche, équilibre de folie entre l'alcool, l'acidité, les tannins et le fruité. Seule une très légère astringence finale (mais la bouteille a été ouverte juste avant la dégustation) semble traduire la jeunesse du cru.
Cerise sur le gâteau, Sébastien est un homme admirable, passionné, un brin de folie (mais quand la folie est bien utilisée, il n'y a pas à s'en plaindre) et d'une belle modestie. Une bien belle rencontre sur le plan vineux évidemment, mais également sur le plan humain.
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Après près de 1 heure 30 en cave, il est tant de retrouver un soleil qui a bien baissé sur l'horizon, afin de gagner notre lieu de résidence pour la nuit, la Haie Longue sur la corniche Angevine.
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En chemin, arrêt presque obligatoire à Cunault pour visiter l'égise romane du XI° siècle dans laquelle, il a quelques années, j'avais assisté à un concert de sopranos (à 4 voies).
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Le lendemain matin, frais et dispos, troisième halte vineuse chez Philippe Delesvaux spécialisé dans les liquoreux (mais pas que).
On commence par une étude géo-topographique du site, avec les vallées proches de la Loire, du Louet et du Layon ... puis visite guidée dans les vignes, au Clos du Pavillon, au Clos de la Guiberderie et enfin sur les parcelles exposées plein sud et qui portent les vignes franches de pied et le Cabernet Franc de la montée de l'Epine. Belle leçon de choses que ces différences de sols et de sous-sols. Une terre plûtot gris-brune sur la Guiberderie, beaucoup plus noire sur le Pavillon et par endroit, des veines de poudingues altérés, preuves que le terroir n'est pas une notion abstraite puisqu'on le ressent nettement dans ses vins. Bonne nouvelle, la vigne commence à débourrer.
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Passons ensuite à la dégustation.
Anjou rouge 2007 : un vin de demi-corps, peu tannique, sans prétention, à boire sur le fruit, légèrement rafraîchi. Un vin de copains.
Anjou blanc, Feuille d'Or 2007 : nez léger très floral, typique du chenin. Attaque en bouche avec du moelleux, presque sur un équilibre demi-sec (belle maturité de raisin). Frais en bouche, léger et rafraichissant. Belle longueur acide qui tient le vin sans le déséquilibrer. Je le trouve aujourd'hui mieux « fini » que l'an dernier où il m'avait paru moins en place. A attendre encore quelque temps pour faire un beau vin de soif et de gastronomie.
Anjou blanc, Authentique 2007 (issu de vignes franc-de-pied) : un nez caractérisé par son côté floral, sa fraicheur et une pureté / une belle droiture sans raideur. En bouche, très belle complexité avec une attaque d'abord cristalline. Le vin est tenu par une acidité « minérale » élégante. Notes d'agrumes / de fruits confits et de miel. Beau gras mentholé en final qui se prolonge.
Coteaux du Layon, Clos de la Guiberderie 2004 : un vin qui se caractérise par sa minéralité, son côté liquoreux et un rôti très léger. Vin léger tenu par une acidité un peu mordante, qui demande sans doute à se fondre.
Coteaux du Layon, Clos du Pavillon 1998 : on change totalement de registre avec un rôti plus prononcé, des notes carbonifères très présentes ... ce qui en fait un vin très atypique mais ô combien charmeur.
Passons ensuite à une mini-verticale de ses sélections de grains nobles : 2004 léger et frais, possédant encore une forte acidité ; 2006 plus sérieux, plus vineux, un beau nez de botrytis et une finale fraîche ; 2007 que je n'ai pas noté (sans doute trop jeune et trop dissocié aujourd'hui) et enfin 1996 qui présente une acidité plus fondue mais encore très présente : sans doute une garde d'encore quelques années enfin que la matière et l'acidité se fondent complètement.
Pour la route, un Carbonifera 1997 (liquoreux à 300 g/l de sucres !!) qui est extrêmement atypique : une viscosité énorme, un degré alcoolique de 9°, une belle liqueur en bouche, très ronde, un sucrosité très importante mais toujours cette finale qui voit le retour de la minéralité. Terroir quand tu nous tiens !
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Après quelques emplettes, retour vers Paris avec de beaux souvenirs en tête et un espoir de sortir toutes ces bouteilles au bon moment.
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Bruno

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