24 mai 2012

Une soirée en petit comité

Soirée en petit comité placée sous le signe de la chaleur sur Paris, pas forcément les conditions idéales pour bien goûter. Mais l'objectif était ailleurs, accueillir quelques nouveaux ou anciens invités.
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Les blancs :
Vin de palme du Nigéria : èn nez sur le vieux jambon fumé, le « Monaco » Belin. La bouche est encore pire, douce, jambonnée, anisée et astringente.
Alsace Riesling Geisberg 2006, Kientzler : un nez typiquement sur le pétrole, une belle sensation de droiture. La bouche est tendue, sur une belle acidité, extrêmement salivante. Peut-être un peu court avec un léger manque de complexité. Bien ++
Alsace premier cru Schoffweg 2005, Marcel Deiss : nez perlant peu agréable, une pointe d’oxydation en plus. La bouche est sucreuse, mais malgré tout bien équilibrée, sans doute par une acidité masquée. Finale sur le zan, une pointe sucrée et des amers agréables. Bien
Meursault, Tessons 2008, Pierre Morey : un nez grillé, très avenant, une pointe de réduction éphémère. La bouche est complexe, sur un équilibre de forte tension. C’est à la fois minéral et gras, sous le voile vanillé de l’élevage juste comme il faut. La finale est terriblement minérale, presque chablisienne, tout en laissant apparaître un glycériné très salivant. J’ai adoré. Très Bien
Pouilly-Fuissé, les Crays 2008, Daniel Barraud : grand écart par rapport au vin précédent. Le nez est complètement fermé. Le vin semble cruellement manquer de caractère (ce qui a fait beaucoup rire l’assistance). La finale est déséquilibrée, sur une association sucre / amertume pas en place.
Ossian 2008 : ce vin espagnol du cépage verdejo présente une belle aromaticité au nez, sur un registre très élégant. La bouche est complexe, grasse, présentant une amertume noble, une pointe grillée presque « bourguignonne ». L’attaque est franche, la finale doucement amère. Très Bien
Bandol blanc, château Jean Pierre Gaussen 2008 : un nez exotique sur le bonbon anglais et le marshallow (azoture de sodium). La bouche est malheureusement raide, construite sur un faux-gras très (trop) prégnant en finale.
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Passons aux rouges :
Vin de Moldavie, les Terres Noires 1999 : j’ai trouvé ce vin de cépage « Cabernet sauvignon » bouchonné.
Vin du Liban, château Musar 2001 : grosse déception avec ce vin dont j’avais énormément apprécié le millésime 1990 en compagnie de Laurent (Lab). Nature, viandard, perlant et acide. Problème de bouteille (ou de ronchon autour de la table). 
Rioja, Vina Tondonia Reserva 2001 : nez typé de cabernet (poivron). Forte amertume en bouche, et qui se termine par une impression de raideur et de dureté (comme si on croquait un fenouil pas mur). 
Vin de Pays, Trévallon 2004 : Là encore, pas mon type de vin. Nez sur le poivron à peine (ou pas du tout) mur, finale presque sucrée et assèchante. Je passe. 
Margaux, château Bel Air Marquis d’Aligre 1996 : nez sur le kirsch, avec une pointe de sensation alcooleuse. Belle attaque en bouche mais qui se révèle trop courte et mal construite : sec, amer et un peu sur l’alcool. Assez Bien 
Margaux, Deuxième Grand Cru classé, château Rauzan Gassiès 1990 : du bois au nez. Un vin de demi-corps, aux tannins fins et parfaitement fondus. Finale douce-amère. Assez simple mais sans défaut. Bien 
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Et enfin les douceurs : 
Riesling auslese, Bernkasteler Lay 1988, Dr. Thanisch : nez sur le pamplemousse et l’ananas, une sensation aromatique mesurée. Bouche sur un équilibre de demi-corps et demi-sec. Bien construit, un peu court. Moins profond que d'autres auslese que j'ai déjà bus. Bien + 
Sauternes, Second Cru, château Filhot 1983 : j’ai l’impression que le vin avait un pet au nez (oxydation). Mon analyse, c’est un peu court, avec peu de sucres et un côté lacté / caramel en finale qui est assez moyen. Assez Bien 
Sauternes, Grand Premier Cru, château Yquem 1983 : une marche, que dis-je, un escalier entre ces deux vins. On bascule là vers le sublime. Tout y est. Un nez sur un équilibre à la fois élégant et charpenté : rôti, abricoté, sucre chaud. La bouche est riche, corpulente, élégante, traçante, … et se termine par des amers agréables d’une noblesse pure, presque salin. Très longue persistance. Excellent (le vin de la soirée pour moi). 
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Saluons ici le dévouement de l'Oliv qui a décliné une soirée chez Lasserre pour nous tenir compagnie et se charger de l'organisation de la dégustation. Il n'y a pas que de la gauche caviar dans cet homme là.
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Heureux d'avoir fait la connaissance de Daniel avec qui j'avais bien sympathisé du temps de LPV. Ton 'ice-Vuitton'(C) nous a vraiment impressionné. Tu es digne de faire partie du comité central du Gunthard Club !
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Heureux également d'avoir croisé Mathieu et Quentin et ravi d'avoir revu Raph (malgré son vin de palme ...).
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Bruno

20 mai 2012

Quelques vins du week-end

Quelques impressions à la volée de vins dégustés (et bus) ce week-end.
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Saint Joseph blanc, 2009, domaine Faury : un vin opulent, sur une floralité capiteuse, très intense, gras et glycériné en bouche, belle persistance sur une finale complexe alliant maturité et amertume salivante. Très bel accord avec des asperges. Très Bien.
Meursault, Vieilles Vignes 2005, domaine Buisson-Charles : un nez peu causant ... confirmé par une bouche pas très nette, raide et visiblement en début d'oxydation. Sans doute un problème de bouteille et/ou de bouchon car une journée d'aération n'a rien apporté, au contraire. A revoir.
Moulin à Vent, Clos des Tremblay 2000, Paul et Eric Janin (magnum) : j'avoue une relative déception sur ce vin, sans doute j'en attendais un profil plus bourguignon. En fait, le vin est encore très jeune, construit sur des fruits rouges acidulés, une touche mentholée et une impression de fraîcheur. C'est en bouche qu'il 'manque' un peu de structure et d'allonge. C'est quand même très bon.
Alsace, Pinot noir 2009, domaine Paul Ginglinger : un pinot fin, très immédiat, presque gouleyant, qui prend du volume avec une aération dans le verre. Franc, simple et bien fait, sur un registre plus "acide" et tendu que ses frères bourguignons. Bien +++.
Pernand-Vergelesses, Premier Cru Ile des Vergelesses 2006, domaine Rapet père et fils : profondeur, race et suavité. Toujours très fruité, complexe, fumé délicatement, le vin possède une granulosité et un toucher de bouche digne des plus grands. Tannins qui possèdent une belle aspérité. Un vin qui a du caractère et du fruit. Excellent.
Clos de la Roche Grand Cru, 1997, domaine Louis Rémy : c'est très profond, concentré, sur des épices nobles. Mais il manque un je-ne-sais-quoi pour son statut de grand cru. Pas de défaut mais un manque de suavité et de profondeur. Bien ++.
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Bruno

L'abbaye du Bec Hellouin (27)

Fondée en 1034 par Heluin, Notre Dame du Bec est une abbaye catholique soumise à la règle de Saint Benoit (bénédictins). pour père Herluin (Hellouin), chevalier du comte de Brionne. Dès le milieu du XI° siècle, la tradition culturelle et spirituelle de l'école du Bec rayonne (sous l'égide de Lanfranc de Pavie, écolâtre et bâtisseur, et Anselme d'Aoste, philosophe et maître spirituel), en devenant l'un des principaux centres de la vie intellectuelle en Europe. Ainsi, parmi d'autres prélats, le futur pape Alexandre II y a étudié vers 1050. Depuis cette époque, des liens privilégiés sont tissés avec la cathédrale de Cantorbéry.
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L'école du Bec perdra de son influence à partir du XII° siècle, correspondant au départ de son théologien, Anselme, vers Cantorbéry. Une destruction partielle de l'église en 1195, la guerre de Cent Ans au milieu du XIV° siècle, le régime de la commende instauré par le concordat de Bologne en 1516, les guerres de religion et enfin la Révolution française eurent raison de la prospérité du Bec, les derniers moines quittant l'abbaye en 1792.
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Les bâtiments conventuels sont alors transformés en caserne de cavalerie ... jusqu'en 1948 où la vie monastique reprend, grâce au travail  conjoint des Monuments historiques, de l'association des "Amis du Bec" et de la communauté monastique venue de Cormeilles en Parisis et de Mesnil St-Loup, sous la conduite de Dom Grammont, qui en constitue le 46ème abbé. Des moniales oblates rejoignent les moines en 1949 et construisent leur monastère Sainte Françoise Romaine au Hameau Saint Martin du Parc.
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Quelques photos choisies.
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la tour Saint Nicolas
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les bâtiments conventuels
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vues extérieures du cloitre
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l'intérieur de l'église abbatiale
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la statuaire et le travail de la pierre
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dernières impressions
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Bruno

16 mai 2012

Petite précision

Je n'ai pas la prétention de me prendre pour un photographe professionnel, ni amateur d'ailleurs ... mais je précise que les photos publiées sur ce blog ne sont pas libres de droit !!!!!
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A la demande, elles sont bien évidemment gratuites. J'en ai d'ailleurs fait la preuve en autorisant l'utilisation de quelques clichés du Beaujolais pour la réalisation d'une exposition et d'un ouvrage sur la région de Beaujeu, à la demande des services du Patrimoine du département du Rhône.
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Pour illustrer ce manque de déontologie (pour ne pas dire plus), un exemple trouvé au hasard de mes surfs aventureux (ICI) :
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à comparer avec celle-ci publiée en avril 2010 ICI.
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Au recadrage et à la résolution près, la ressemblance est somme toute assez troublante ...
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Faute avouée est à moitié pardonnée. Dont acte.
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Mais quand même, dans quel monde vit-on ? Vais-je être obligé de mettre des (C) ou des DR (droits réservés) sur tous mes clichés ?
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Bruno

14 mai 2012

Période(s) calme(s)

Période de transition marquée par un certain calme, voir un calme certain, et ceci pour plusieurs raisons. Passée l'excitation d'un anniversaire pour lequel j'ai été muet - mais qui reste et restera un joli souvenir intime - la vie semble avoir pris une nouvelle tournure, comme si certaines pages commençaient à s'effacer. Loin des yeux (et des écrits), loin du coeur dit-on. Le dicton recèle sans doute une part de vérité. Une consolation toutefois, l'évité fera donc quelques économies ...
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Bref, ce week-end, retour en Normandie pour voir (enfin, plutôt confirmer) les dégâts que la maladie peuvent commettre de façon irrémédiable et irréversible (décidemment, c'est un adjectif à la mode). Je passerai sur un restaurant de campagne anecdotique, en tout cas largement trop cher par rapport au service et à l'assiette (tiens tiens ...).
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Quelques bouteilles quand même : un Saint Romain (blanc) 2008 de chez Alain Gras : un vin sérieux, un peu jeune, très belle vinosité, une pointe vanillée d'élevage qui demande encore à se fondre, et toujours cet équilibre entre tension minérale et léger gras glycériné. J'entends parfois la plaisanterie "St Romain, une appellation qui ne sert à rien". Quelle misère intellectuelle pour d'aucuns qui se conplaisent dans une espèce de snobisme de salon ! Beau vin en devenir, sur un registre évidemment plus immédiat qu'un premier ou un grand cru de la côte des blancs.
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Nuits Saint Georges 2008, domaine Chicotot : un vin de copains, beaux fruits au nez et en bouche, entre cerise et cassis. Légère pointe fumée, toujours une minéralité rustique (ou une rusticité minérale). C'est porté par une acidité marquée. Les tannins sont discrêts et déjà bien polissés. A la fois féminin et musclé. Reste dans le même esprit après une nuit de carafe. C'est simplement bon ! A boire ou à attendre encore 2 / 3 ans.
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Saumur Champigny, les Terres Rouges 2010, domaine de Saint Just : toujours le même plaisir avec ce cabernet franc. C'est à la fois rond et tannique, gouleyant et profond, le tout enrobé d'un fruit gourmand. Si le vin semble à la croisée des chemins (sans doute est-il en train de se refermer), on y décèle une prochaine future seconde phase plus vineuse et plus sérieuse, moins immédiate, avec un équilibre plus charpenté. Reste toutefois plus élégant que certains 2009 un peu (parfois trop) patauds. Excellent (j'allais dire, comme d'habitude).
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Voilà, bilan : l'ensemble de la cave est codifiée et rangée, les casiers numérotés et le tout gravé dans le marbre de mon tableur préféré (de mon "ami" Bill bien sûr !!!!!). Il ne reste plus qu'à soigner les I/O pour que tout reste d'équerre avant un redouté déménagement qui, de toute façon, arrivera toujours trop tôt.
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Décidemment, un tout petit week-end puisque, dans le même temps, Auxerre descend en Ligue 1 (merci à Guy Roux et sa vieille équipe d'escrocs d'avoir créé la zizanie dans un club qui - finalement - fonctionnait pas si mal que ça). Autre pauvreté et image de la petitesse humaine dans ce qu'elle a de pire !
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Bruno

8 mai 2012

Un chateauneuf viril, mais équilibré !

En ce 8 mai, point de défilé, j'ai toujours préféré les majorettes aux militaires ! Va savoir pourquoi ?
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Bref, pour accompagner une belle hampe de boeuf et un gratin d'aubergines, j'ai tenté un pari fou, "sacrifier" un Châteauneuf du Pape, Clos du caillou, cuvée Quartz 2007 (85 % de grenache et 15 % de syrah) : une robe sombre, rouge vif ayant déjà quelques signes évolutifs (léger disque). Au nez, ça sent incontestablement le sud, fruits très murs, garrigue (romarin, thym), épices douces et cannelle. Le côté minéral est furieusement présent, déjà salivant. La bouche est particulièrement charpentée, bâtie sur de solides tannins, crémeux et bien civilisés. La fraîcheur minérale vient parfaitement équilibrer la teneur en alcool (de 14,5 %), à peine perceptible. Le fruit est présent, plutôt noir (mûre), enrobé par une touche épicée de bon aloi. La finale est tranchante, droite, tendue et minérale (je me répète). On a vraiment la sensation de sucer le quartz. C'est vraiment aux antipodes du pinot fin mais que c'est bien fait. J'ai vraiment beaucoup aimé.
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Bruno

4 mai 2012

La Normandie sous le soleil

Quelques souvenirs d'un week-end prolongé où la gastronomie et le beau temps eurent rendez-vous, mais un peu en décalé ! Après un repas mémorable au Sa Qua Na, notre "cantine" honfleuraise, sous une grisaille certaine, une éclaircie bienvenue nous a permis un retour plus agréable que l'aller.
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Depuis le porche de l'église Sainte Catherine
qui semble vouloir l'avaler, un clocher de bardeaux de chêne
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Histoire de ponts :
Tancarville depuis le marais Vernier ;
Brotonne en face de Villequier
(demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, ...)
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Fleurs blanches ...
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... et rouges
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Végétal
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En Normandie, il n'y a pas d'hommes de paille,
juste des oiseaux en métal !
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Bruno

1 mai 2012

Le facteur sonne toujours trois fois

Le 1er mai est toujours l'occasion de célébrer la fête de ma mère.  Cette année, nous avons été confronté à un dilemme de riches : tester une nouvelle adresse (comme le restaurant de Jean-Luc Tartarin au Havre) ou retrouver l'un de nos endroit fétiche. Après une courte réflexion, dont l'envie de retourner une nouvelle fois vers Honfleur, c'est vers la seconde solution que nous nous sommes tournés. Retour donc au Sa Qua Na pour une troisième expérience culinaire.
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Amuse-bouche
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à se partager ;
souvenir de la Calmette,
Une pascade Aveyronnaise à l'huile de truffe
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Nous avons opté pour le Menu rouge cerise, composé de 3 plats, un plateau de fromages et un dessert.
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Un filet de sar tout juste cuit,
quelques asperges & radis, algues, beurre et pain recuit
sauce hollandaise
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Un saumon d'Isigny cuit doucement,
émulsion de laitue & huitres, brocolis, rosulaire & ail frit
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Une queue de lotte étuvée & croûtée,
miso blanc, encre de seiche, bouillon moussé à l'huile d'olive et shiso
un plat qui n'était pas prévu dans le menu "Rouge Cerise" mais qui nous a été offert par le restaurant : simplement, un grand merci à Alexandre Bourdas et à toute son équipe pour ce geste
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Une noix de ris de veau rôti au beurre,
crème de polenta aux truffes, chips, mâche, navets & jus
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Le fromage
notre sélection de fromages d'ici et d'ailleurs
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Un far breton croûté de sucre demi/sel & coriandre,
chantilly légère au pomélo, piment & réduction moscovado
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Un "cappuccino" 99 de café glacé, ganache - noisettes & chantilly à l'eau
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Un chou au cacao, mousse au beurre de cacao, caramel & chocolat -
un biscuit roulé au curry, pâte d'amande à la fleur d'oranger.
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Pour accompagner cet excellent et très gouteux repas, nous avons bu :
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Un Blanc Fumé de Pouilly, Didier Dagueneau 2005 : une robe jaunâtre assez claire, sans trace d'évolution. Un nez très complexe au premier abord, sur le citron confit, les agrumes oranges et le pamplemousse. C'est très minéral, sur le buis et la poudre de calcaire. La bouche est sur un équilibre de demi-corps, florale, fruitée sur le citron, quelques notes exotiques donnant une impression de gras élégant. Un vin caméléon qui a eu le gros avantage de se s'associer, de façon différente, avec les trois plats proposés. Finale tendue, fraîche, légèrement enveloppée, jouant sur une dualité entre minéralité et glycériné. Excellent.
Belle confrontation entre la tension du vin et le côté doux-amer (crémeux / asperges) du premier plat. Accord particulièrement réussi avec le saumon (et les fleurs d'ail qui ont donné une touche presque confite à l'ensemble) et avec la chair de la lotte et le croquant du croûté du plat.
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Gevrey Chambertin, premier cru Lavaux Saint Jacques 2006, domaine Denis Mortet : une robe rouge sombre, profonde et dense. Un nez dense, très terrien, sur les fruits rouges (cerise), accompagnés de quelques notes de cassis et de réglisse. En complément, on y décèle une pointe fumée et un côté tellurique intense et presque salin. En bouche, l'attaque est franche, complexe, entre tension acide, amertume noble (ronce / cynorrhodon) et rondeur fruitée. Une pointe d'élevage est encore présente mais vient agréablement accompagner la structure du vin. Tannins abondants déjà polissés. C'est puissant, sur un registre gibriaçois plutôt viril, concentré et extrait, mais bien fait et sans la caricature que l'on rencontre parfois chez les "modernistes" (et qui ne respecte pas toujours le fruit du Pinot noir). Très Bien.
Malgré sa structure, a parfaitement respecté la chair délicate du ris. Belle dualité avec la sauce doucement truffée.
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Avec le dessert, un verre de Jurançon, Clos Uroulat 2010 : sur un registre léger et élégant, plus moelleux que liquoreux. Des notes de fruits exotiques (mangue) mais également de mandarine et d'abricot mur s'allient à une fraîcheur / acidité de bon aloi. Demi-corps mais présentant une belle persistance. Laisse apparaître une amertume salivante en finale, ré-haussée par une teneur en sucres certainement mesurée. Accord juste avec le far breton. Très Bien.
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Pour résumer, un accueil digne des plus grands restaurants, un service décontracté mais toujours précis, des plats merveilleusement construits entre complexité et confrontation des saveurs et des odeurs (ce geste délicat de nous offrir un plat) et les conseils toujours avisés du sommelier. Pour 68 €, ce menu "Rouge Cerise" doublement starisé est une véritable ode à la gastronomie, entre tradition française et influences étrangères. Au panthéon de mes adresses !
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Et comme d'habitude, en Normandie,
tout finit par un soleil radieux !
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Bruno