31 août 2012

Les chirats du Pilat

Les chirats sont des formations rocheuse d'origine glaciaire, qui se rencontrent essentiellement sur la bordure orientale du massif central (Pilat).
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Trois éléments expliquent leur formation : 1/ la nature des roches, des roches métamorphiques "claires" - 2/ le contexte climatique, un régime périglaciaire - et 3/ le relief, des versants pentus.
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La nature des roches : Le Pilat est constitué d'un socle de roches métamorphiques claires de type gneiss à grains fins, obtenues par recristallisation de roches sédimentaires ou magmatiques (grès ou rhyolite) sous l'action des fortes températures et des fortes pressions que l'on rencontre dans les grandes profondeurs de la croûte terrestre.
Ces composés constitués de quartz, de feldspath alcalin et de grenat sont relativement pauvres en mica et en amphibole. L'arrangement particulier des cristaux, la faible fissuration et la forte proportion de quartz et la faible teneur en mica permettent une fracturation en de larges blocs, peu sensibles à des phénomènes chimiques postérieurs tels que l'arénisation. Ils conservent ainsi dans le temps leurs formes initiales anguleuses.
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Le climat : La bordure orientale du massif central a connu, lors de la dernière glaciation quaternaire dite de Würm, un climat périglaciaire froid et sec, du à la présence d'une vaste calotte glaciaire (alpine) couvrant jusqu'à la vallée du Rhône (et empêchant toute communication directe entre le Languedoc oriental et la Bourgogne). Ces conditions particulières, marquées par un froid sec et la rareté de la neige ont permis la fragmentation et le déplacement des blocs.
C'est pourquoi les chirats du Pilat se rencontre essentiellement sur les versants nord (et plus rarement sur les versants sud, à une altitude supérieure à 1200 mètres dans ce dernier cas).
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Le relief : les fortes pentes du Pilat ont permis le glissement et l'étalement des blocs sur des épaisseurs plus ou moins importantes. il se produit une fracturation des blocs.
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Leur génèse peut donc être modélisée (de façon succincte) de la manière suivante : sous l'effet de conditions périglaciaires (alternance gel/dégel), la roche est fragmentée. Des phénomènes de gravité ont provoqué le glissement (la gélifluxion) de ce "glacier rocheux" (cimenté par une couverture neigeuse réduite) le long des pentes. La faible sensibilité de ces éboulis aux phénomènes chimiques post-dépositionnels permet leur conservation quasi-intacte sur des périodes relativement longues à l'échelle des temps géologiques.
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Les chirats sont généralement peu favorables à l'installation d'une végétation, du fait de l'absence d'une matrice fine. On rencontre à leurs abords des mousses et lichens, quelques représentants de la flore alpine et des landes arbustives peu développées.
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On trouvera ICI un site internet beaucoup plus précis et plus sérieux que ce court et forcément incomplet résumé que je viens de vous livrer.
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Maintenant, quelques exemples en photographie.
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Face nord du Crêt de la Perdrix à 1432 mètres
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Face nord du Crêt de l'Oeillon à 1370 mètres
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Face nord-est depuis d'oppidum / éperon barré de la chapelle St Sabin
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Enfin, en Ardèche, plein Est depuis le Grand Felletin (1387 mètres)
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Bruno

30 août 2012

Le massif du Pilat - Invitation au voyage

Derniers contreforts des Cévennes, le Pilat est un massif de granites, de gneiss et de schiste situés en bordure Est du Massif Central. Extrémité méridionale du département de la Loire, il est grosso modo inscrit dans un triangle dont les sommets sont constitués par les villes de Saint Etienne au nord-ouest, Vienne au nord-est et Annonay au sud (informations disponibles ICI et ICI).
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Cette région est caractérisée par un climat polymorphe, entre influences océaniques, continentales et méridionales. La végétation est constituée de bois de chênes et de châtaigniers, de hêtres et de sapins, et de landes.
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On y distingue cinq micro-régions.
  • Le Pilat des crêts : au centre du massif, c'est l'étage montagnard par excellence. Il culmine à 1432 mètres au Crêt de la Perdrix et est caractérisé par un climat pseudo-alpin et une végétation de type aride : landes à Calluna, buissons de genets et rares pelouses à graminées. Les arbres ne sont représentés que par quelques boqueteaux de pins et sorbiers. Un peu plus bas en altitude (en-deçà de 800 à 1000 mètres), une sapinière mixte (sapins, épicéa et hêtres) est parfois présente sur les versants méridionaux délaissés par l'agriculture. Sur l'ensemble des versants situés à plus de 1200 mètres d'altitude, des chirats sont les témoins des conditions périglaciaires ayant sévi lors de la dernière glaciation de Würm (article et photos à venir). Il faut en effet se rappeler que la vallée du Rhône était, jusqu'à il y a 12000 ans, recouverte par une immense calotte glaciaire venant des Alpes.
  • Le Haut-Pilat : il se situe à l'extrémité ouest et sud-ouest du massif, dans le prolongement des régions naturelles du Velay et de la Haute-Ardèche. On peut dire qu'il est situé entre Velay et Vivarais (clin d'oeil au capitaine !). C'est un vaste plateau granitique d'origine volcanique aux formes arrondies, situé à une altitude moyenne de 1000 mètres. Il est constitué de prairies humides, parfois tourbeuses (crocus, colchiques, narcisses, jonquilles, sphaignes), et de forêts de pins.
  • Le Pilat du Jarez (ou du Gier) : en bordure nord du massif, il est composé de roches métamorphiques de type leptynites et de micaschistes feuilletés, témoignant d'une genèse par transformation de roches primaires sous l'effet de fortes températures et de fortes pressions. Il présente un relief d'abord constitué de landes et de prairies à l'ouest, vite remplacées par des gorges profondes dessinées par des rivières au rythme torrentiel et s'écoulant vers le Gier. La végétation est polymorphe, entre des forêts de résineux et des landes à ajoncs à basse altitude. Son climat montre une réelle influence atlantique (océanique). 
  • Le Pilat rhôdanien : situé à l'est, il s'étage depuis les crêts jusqu'aux bords du Rhône, entre environ 1200 et 200 mètres d'altitude. Sur les plateaux proches de Pelussin, on y rencontre une polyculture faite d'arbres fruitiers, de vergers et de bocage de prairies. Sur les coteaux bordant le Rhône, la vigne y est omniprésente, hormis à quelques endroits trop escarpés pour être cultivés. La flore y est alors clairement méditerranéenne : amandiers, figuiers, érables de Montpellier et même chênes verts.
  • Le Pilat du Sud (ou de la Déome) : il s'étend le long de la rivière Déome. C'est un plateau s'installant le long de la faille géologique séparant le massif du Pilat de l'Ardèche voisine. Sur les versants nord, on y rencontre de grandes forêts de sapins et de hêtres tandis que les versants sud sont couverts par un feuillus et de prairies.
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Voilà, le décor géographique est planté. Place maintenant aux visites et au découvertes.
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Allez, juste pour vous faire patienter, quelle vue !
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Bruno

28 août 2012

Miscellanées du Cher

Afin de terminer en beauté cette évocation d'une première semaine de vacances dans le Cher, quelques photos prises sur le vif (et ailleurs).
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le pont-canal de Briare
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la grange pyramidale de Neuilly sur Sauldre
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l'église romane de Donzy les Prés
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le château de Tracy sur Loire
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la tuilerie de Grossouvre, et ses cheminées
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Sagonnes et son château
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le château de la Verrerie
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Quelques paysages de vignes et de fleurs
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Sancerre, quand même
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et enfin, le caveau à notre disposition pendant cette courte semaine (domaine du Carrou, Dominique Roger à Bué)
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Bruno

L'abbaye de Noirlac (18)

L'abbaye cistercienne de Noirlac est établie sur la commune de Bruère-Allichamps dans le Cher.
Après l'établissement d'une petite commauté au lieu-dit "Maison Dieu" en 1136, la donation d'Ebbe de Charenton signera le début de la construction d'une abbaye à partir de 1150, abbaye qui ne prendra le nom de "Noirlac" qu'à la fin du XIII° siècle (du nom de l'étang qui la bordait).
Le choix d'un site isolé correspond à la tradition des premiers ermites chrétiens d'Orient. A Noirlac, les terres marécageuses sont conformes aux exigences de la Règle, constituant une sorte de clôture naturelle venant renforcer celle plus mystique des bâtiments monastiques.
L'architecture de Noirlac respecte à la lettre le plan cistercien des origines, parfait reflet de l'ascétisme monacal prôné par Saint Robert, puis repris et développé par Saint Bernard : séparation des moines et des convers de part et d'autre du cloître, les premiers à l'Est, avec un dortoir, une salle capitulaire et un chauffoir, les seconds à l'Ouest, dans des quartiers plus rudimentaires.
La simplicité des formes architecturales est typique de l'ordre : colonnes tronquées, ornements des chapiteaux dépouillés, ...
Comme bien souvent, elle connaitra une période de destruction dont le point d'orgue intervient à la Révolution française, avec sa vente comme bien national en 1791. Transformée en manufacture au XIX° siècle, elle sera acquise dès le début du XX° siècle par le département du Cher, qui y a depuis entrepris de nombreux travaux de restauration et de sauvegarde, en particulier en lui permettant de retrouver son plan d'origine.
Plus récemment, des vitraux modernes ont été dessinés par Jean Pierre Raynaud et réalisés par le maître verrier Jean Mauret. Caractérisés par une discrétion toute cistercienne, ils sont visibles dans l'abbatiale et le réfectoire.
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Passons maintenant à la visite.
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le cellier
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la salle des moines, et le détail d'une colonne décoré d'une feuille de palme
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le réfectoire
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le dortoir des moines ...
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... et l'un de ses vitrail
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le dortoir des convers
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l'église abbatiale, vue de l'extérieur ...
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... et de l'intérieur : nef et choeur, ...
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... et les collatéraux
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Pour finir, une belle collection sur le cloitre :
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Et la visite se termine par les jardins extérieurs, situés plein Est, avec une magnifique allée de tilleuls plus que centenaires.
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Bruno