23 octobre 2012

Anniversaire et autres réjouissances !

Il faut toujours quelque (mauvais) alibi pour justifier une descente à la cave : une semaine assez difficile du point de vue émotif et psychologique, un anniversaire à fêter dignement et quelques autres événements marquants.
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Un anniversaire d'abord puisqu'il y a maintenant (déjà) 20 ans, je soutenais ma thèse de préhistoire. Toute ma vie, je serais reconnaissant à André Thevenin, mon Directeur de Thèse (à l'époque à la faculté de Besançon), de m'avoir fait totalement confiance en me permettant de convertir l'étude d'une partie du site préhistorique auvergnat du Blot (fouillé par Henri Delporte) en un diplôme universitaire. Une thèse "passée pour le plaisir" en quelque sorte.
Je me rappelle également que, déjà à l'époque, la France était un pays frileux puisque personne n'a pu / su / certainement voulu, même au Musée des Antiquités Nationales de Saint Germain en Laye où j'étais membre de l'équipe de recherche associée au CNRS (équipe connue aujourd'hui pour être démantelée, mais est-ce un hasard ?) investir la somme de 10000 francs pour la publication de ce travail. Heureusement, nos amis belges que l'on raille par trop souvent, en la personne de Marcel Otte de l'Université de Liège, m'a facilité la tâche en me permettant de publier à compte d'auteur (c'est à dire en finançant moi-même la publication à hauteur de 10 kF de l'époque) dans la série des ERAUL (n° 64). Immense gratitude à tous les trois.
En cette fin d'année 2012 où il sera rayé des cadres, j'y associerais Michel Lenoir, sans doute l'un des plus grands spécialistes du Paléolithique supérieur en Europe, et qui n'a pas eu la carrière qu'il méritait au CNRS ("faire savoir" est toujours plus gratifiant dans les palais des petites principautés révolutionnaristes qui gangrènent nos démocraties que "savoir faire"). Respect pour son savoir et remerciements chaleureux pour son accueil et sa disponibilité lors de mes visites à Bordeaux ou sur les sites qu'il fouillait.
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Crozes-Hermitage blanc, 2011, domaine Alain Graillot : une robe jaune brillante légèrement dorée, profonde et brillante. Un premier nez un peu fermé, mais dans lequel on décèle déjà une grande complexité. Après aération, c'est à la fois très floral, une touche fruitée et une sorte d'aromaticité agréable. Fraîcheur sur les fruits infusés. La bouche est également très complexe, grasse dans une première approche, sur un registre rond. Là encore, l'aromaticité est présente, mais bien équilibrée par de magnifiques amers sur le zan et le fenouil. La finale est étirée par des notes d'agrumes amères, presque salines. Excellent
Un grand merci à Frédéric Hérédia pour ce 'petit' cadeau.
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Pernand-Vergelesses, Premier Cru Ile des Vergelesses 2006, domaine Rapet père et fils : une robe rouge sombre et profonde. Un nez "très Pernand", sur les fruits rouges (cerises), très murs, presque confits, une pointe fumée toujours présente et des notes clairement minérales terriennes. La bouche est marquée par une charge tannique assez imposante, et qui aujourd'hui demande clairement à se fondre. Après une journée d'aération, l'oxydation (ménagée) apporte de la douceur : toujours cette impression de pinot fin, de fumé élégant, le tout enrobé dans une trame acide de belle facture. Les tannins se sont arrondis. Finale fraîche, longue, tendue et très minérale. Très Bien aujourd'hui. Je conseille toutefois de le garder encore 2 à 3 ans afin qu'il atteigne réellement son optimum.
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A l'occasion d'un déjeuner amical en 'toute simplicité', quelques belles bouteilles dégustées.
Pour accompagner un tartare de saumon au basilic, un Chablis, Premier Cru Montée de Tonnerre, 2000, domaine François Raveneau : un magnifique nez montrant une extrême complexité, plutôt sur un registre rond et légèrement vanillé, avec une belle sensation de réglissé / miellé et une fraîcheur mentholée très "rafraichissante". En bouche, le vin est toujours rond et réglissé, avec un équilibre sur le gras. La minéralité ressort nettement derrière cette première impression. Un seul petit défaut, c'est un peu court en bouche (et je tairai le nom de la personne qui n'aime pas quand c'est court en bouche ...). Un peu atypique pour moi pour un Chablis. Bien +++
Avec un risotto aux girolles, chips de copa, un Volnay, Premier Cru Clos des Chênes, 1995, domaine Lafarge : grand nez de pinot, sur les fruits rouges et noirs, une belle sensation épicée et une première impression déjà tannique. En bouche, le vin joue sur un équilibre corpulent, plutôt animal, rustique et terrien. Belle définition de tannins ... équilibrée par une acidité encore bien marquée. Une réserve pour la garde. Finale granuleuse gourmande, vibrante et très persistante. C'est cistercien et corpulent, presque strict au premier abord, mais finalement pas dénué de charme et de fruit. Très Bien
Enfin, avec un dessert mangue et glace spéculoos et cannelle : un Coteaux du Layon Rochefort, les Rayelles, 1996, château Pierre Bise : un layon sur un équilibre plus aromatique que les homologues de Philippe Delesvaux. Le nez est frais (menthe / eucalyptus), charbonné, plutôt profond. On sent déjà transparaître un terroir d'exception. Bouche magnifiquement tendue sur des amers nobles, une pointe de sucres résiduels (enfin, qui n'ont pas encore été 'mangés'). La rondeur très miellée se situe sur un équilibre juste, complétée efficacement par une tension encore bien présente (1996 oblige). L'ensemble est très aromatique mais sait rester frais et surtout très buvable. Excellent
Encore une super journée de partage avec notre papy, qui s'est terminée tard dans l'après-midi autour d'une absinthe alpine vraiment magnifique. Ce soir, gros dodo au programme.
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Poursuivons par une célébration puisque le Kevin de notre Cosette vient de décrocher son permis de conduire. On attend les bulles avec l'impatience de notre jeunesse.
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Au fait, j'oubliais, depuis ce matin-même, je fais partie de la plus grande entreprise de France : Pôle Emploi. Et oui, Bill Gates est au chômage !!! Pendant ce temps-là, les vrais profiteurs continuent de rigoler doucement (en fait non, même pas doucement, pourquoi voulez-vous qu'ils se sentent gênés ...). Après ça, le reste n'est que turpitude(s) à la FB. Sans grand intérêt.
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Bruno

15 octobre 2012

Miscellanées de la Côte d'Or

Je ne refermerai pas ce chapitre bourguignon par quelques photos prises lors de ces deux journées au climat contrasté, plutôt brumeux, frais et humide le premier jour, totalement estival pour le second.
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Impressions d'automne sur la Côte d'Or.
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A tout seigneur, tout honneur,
commençons par la Romanée Conti
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Restons dans les grands crus de la côte de Nuits,
avec le Clos Vougeot ...
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... le Musigny ...
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... et le Clos de la Roche
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Nous finissons la première journée avec une vue du village de Pernand-Vergelesses, depuis le panorama de la vierge
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L'église romane Saint Antoine de Fixey à Fixin ...
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... et son intérieur
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Un arbre tortueux (ou torturé)
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Le "fameux" château de Gevrey-Chambertin
(je souhaite un énorme courage à Monsieur Louis ng chi sing pour la restauration de ce monument historique clunisien)
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 Retour dans les grands crus (Chambertin Clos de Bèze),
avec ce ballet entre vignes et air
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A l'année prochaine si tout va bien.
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Bruno

13 octobre 2012

Le restaurant de l'hostellerie de Levernois (Côte d'Or)

On ne présente plus l'Hostellerie de Levernois, plus précisément son restaurant "un macaron" dans le Guide Rouge mondialement connu. Comme depuis maintenant 3 ans, nous mettons un point final à notre week-end bourguignon d'octobre par un très bon repas.
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Après un Champagne brut Pommery, cuvée Royale de bonne facture, même un supplément de finesse et de corpulence et une acidité / amertume plus mesurée eurent été de meilleure compagnie, nous passons donc à table. En route pour le menu surprise détaillé ci-dessous.
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Le nougat de Foie Gras de Canard aux Fruits Secs,
Fine Gelée au Ketchup de Cassis
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Le Risotto Acquerello au Vert, cuisses de Grenouilles
et Escargots de Bourgogne, Crème d'Ail doux
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Le Bar aux amandes, Câpres,
Chicon meunière et Pâtes Zita de potiron
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La Selle d'Agneau aux Olices Taggiasches,
Petits farcis et Chips d'Ail, jus au Romarin
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Les plateaux de fromages frais et affinés
(pour les gourmands - hein Oliv : de bas en haut, les chèvres, les vaches et persillées et, tout en bas, une petite meule de Comté 40 mois ..........) 
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Allez, tiens, je ne suis pas avare, juste deux assiettes de fromages composées par le maître d'hôtel, suivant l'envie de chacun
(l'honneur est sauf et mon cholestérol sauvé, je n'ai pas dépassé la dizaine de fromages. En plus, les parts sont vraiment très très petites ...)
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Pour patienter, une mini crème brulée à la vanille et la banane
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Les Plaisirs Sucrés,sur le thème du Chocolat et d'une glace aux trois poivres
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Mignardises et café pour terminer agréablement et tranquillement la soirée (enfin, plutôt la nuit).
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Pour accompagner ce fabuleux repas, j'ai choisi deux vins, un blanc et un rouge du même millésime, 1997 (très raisonnable, n'est-t-il pas ?).
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Corton-Charlemagne Grand Cru, 1997, domaine Bonneau du Martray : une robe jaune dorée un peu évoluée.
Magnifique nez d'une grande pureté, dégageant une première impression de puissance. C'est également très floral, sur la vanille, des notes anisées légères (anis, fenouil) et une sensation de fraîcheur (menthe / eucalyptus) et de profondeur confondante. Très légère évolution vers le rancio ménagé (amandes amères). Première approche très complexe.
En bouche, le vin est parfaitement à point, tendu, presque cristallin (ciselé). Minéralité fine et salivante, qui procure au vin un toucher de bouche de soie complexifiant un volume abondant lié à une matière opulente. Aucune impression de sécheresse malgré la tension, sans doute un côté gras du vin qui n'apparaît pas immédiatement ou qui est équilibré par l'acidité de structure.
Finale éminemment longue, légèrement beurrée, portée par le couple acidité / minéralité. Magnifique
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Volnay, Premier Cru les Mitans, 1997, domaine de Montille : une robe rouge sombre et profonde, sans aucune trace d'évolution.
Le nez est sérieux, presque réservé. Notes mêlées de fruits rouges à l'alcool, de fleurs (violettes) et d'épices douces. Impression terrienne intense, sur une assise cistercienne. Nous entrons là dans la Bourgogne traditionnelle.
La bouche est en complet accord avec le nez. C'est riche et serré, avec une granulosité qui titille les papilles. Notes fruitées peu évoluées. Les tannins possèdent une personnalité intéressante, avec du caractère / de la mâche. Belle complexité en bouche. Quelques sensations herbacées viennent tenir et allonger le vin.
Extrême persistance en bouche, avec des notes de maturité, de fraîcheur ... et un toucher de bouche très terrien (qui a du caractère).
Un volnay sur un registre masculin. Magnifique et bel accord avec l'agneau.
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Avec le dessert, je me suis autorisé un verre de Maury, Mas Amiel, 15 ans d'âge : classique accord avec le chocolat. Au nez, c'est chocolat / figues / agrumes confites et amères, sur un équilibre de puissance. En bouche, on retrouve cette complexité et la douceur des tannins qui équilibrent parfaitement la charge alcoolique. Belle aromaticité sur les agrumes. Permet de terminer tranquillement un repas. Très Bien
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Voilà, il est tant de reprendre la route et de ne pas nous perdre dans le parc, entre le restaurant et l'hôtel. Malgré un léger problème avec un digicode récalcitrant (en fait, j'avais interverti les chiffres, fatigué que j'étais), nous avons pu regagner nos pénattes pour une courte nuit salvatrice avant un retour plutôt arrosé vers les brumes parisiennes.
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Comme disait John Lennon, "Dream is over".
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Bruno

Visite au domaine Chicotot (Nuits Saint Georges)

Nous attendons toujours avec impatience - et même une sorte de fébrilité toute adolescente - cette traditionnelle dernière visite de notre voyage bourguignon tant nous basculons ici dans une autre dimension. Presque en dehors du monde, une sorte de parenthèse enchantée. Enchantée autant par la qualité des vins que par l'accueil et le sentiment d'amitié qui émane de Pascale et Georges, maintenant accompagnés par leur fils Clément.
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Nouveauté cette année, une cuverie pour la future installation (déjà partiellement réalisée) du fiston, et surtout j'espère pour nous concocter des vins encore meilleurs qu'ils ne le sont actuellement. L'essence de l'existence ne réside-t-elle pas - outre faire bien et bon - dans la capacité de capter les connaissances des générations passées et de les transmettre aux générations futures ? J'en suis rassuré, ici on est en passe de réaliser cette œuvre.
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Passons donc dans un premier temps à la dégustation de quelques 2011 sur fûts. Exceptionnellement, je resterai volontairement sur une impression analytique, il me semble que "noter" un vin en cours d'élevage ne traduit pas forcément la réalité des choses (d'autant que l'ensemble de la gamme est de haut niveau et que je n'ai pas "noté" les vins sur l'instant).
Bourgogne 2011 : un fruit intense, un vin sur la ronce, qui possède de la mâche et une belle granulosité. Un vin simple, mais l'archétype du vin de copains.
Nuits Saint Georges, les Charmottes 2011 : construction plus sérieuse que le précédent (évidemment), avec un supplément de corpulence, de soyeux et une pointe de réglisse très agréable.
Nuits Saint Georges, les Plantes au Baron 2011 : le vin est sans doute dans une phase de fermeture. J'y ai trouvé une charge tannique et une acidité un peu trop mordante à mon gout. Sans doute à revoir.
Nuits Saint Georges, Premier Cru les Pruliers 2011 : nez sur la réduction, avec ce côté moka très agréable. Dans une phase un peu pommadée, la bouche est ronde, douce et très soyeuse. C'est déjà joli et très prometteur.
Nuits Saint Georges, Premier Cru En la Rue de Chaux 2011 : nez suave et très profond, presque envoutant. En bouche, l'équilibre domine. Le vin est traçant, peu tannique et avec une acidité mesurée. Très joli vin en devenir.
Nuits Saint Georges, Premier Cru les Saint Georges 2011 : malgré un nez sur la réduction, le sérieux et le fruité séveux ressortent. Fruits noirs presque grillés. Tannins enrobés et gras, mais sachant rester frais. Très très long en bouche. Le top des 2011 pour moi.
Nuits Saint Georges, Premier Cru les Vaucrains 2011 : un peu de mal pour moi avec ce vin. Sans doute moins profond et moins corpulent. Belle sève en bouche. La finale vient toutefois modérer ma première impression : c'est vibrant en finale.
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Passons ensuite à quelques 2010 en bouteilles.
Nuits Saint Georges, les Charmottes 2010 : nez très fruits rouges et cerise à l'eau de vie. La bouche est ample, profonde, allongée et très persistante. Belle acidité de structure, avec des tannins très soyeux. Presque prêt à boire. Bien / Très Bien
Nuits Saint Georges, Plantes au Baron 2010 : nez qui dégage une belle maturité. Equilibre en bouche entre tannins / acidité et charpente. Un supplément de profondeur et de suavité. Finale vibrante. A attendre un peu. Très Bien
Nuits Saint Georges, Premier Cru les Pruliers 2010 : Le vin est dans une phase plus serrée que les précédents. Pointe de réduction au nez, notes de café torréfié et de moka. En bouche, corpulence digne d'un premier cru, sur un équilibre semblable aux "Plantes au Baron". Un supplément de longueur et d'effet traçant en finale. A attendre. Très Bien
Nuits Saint Georges, Premier Cru les Saint Georges 2010 : Il a (déjà !) tout d'un grand. C'est grand, long, ample, enrobé, complexe. Légère pointe grillée, structuré sur des notes élégantes, réglissé comme il faut, un grain en bouche presque salivant. Ultra-long en finale. Excellent
Nuits Saint Georges, Premier Cru les Vaucrains 2010 : changement (presque) complet de registre avec ici un nez sur la fraîcheur, le menthol et les fruits noirs. La bouche est presque sphérique, énorme de matière mais sans excès, riche, grasse, ronde et élégante. Toucher de bouche magnifique. Sans doute un peu moins long que le St Georges. Très Bien / Excellent
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On termine toujours chez P&G par un 'vieux' millésime. Cette année, ce sera un Nuits Saint Georges, Premier Cru les Saint Georges 2001 : nez sur une évolution modérée, et qui prendre de l'ampleur tout au long de la dégustation. Notes de feuilles fraiches et de fruits à l'alcool (kirch). La bouche est bâtie sur une évolution modérée. C'est droit et frais, élégant et puissant. Extrait de réglisse, magnifiques tannins fins et polis, une pointe de granulosité toujours présente. Belle acidité encore largement présente et qui vient tenir le vin. Avec l'aération dans le verre, le côté terrien / minéral prend consistance et vient s'associer avec le fruit du pinot. Un magnifique vin de gastronomie qui appelle une nourriture riche et opulente. Excellent ++
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Voilà, notre visite annuelle prend fin. Il est temps de charger (très légèrement) le coffre et de se donner RDV l'année prochaine, si les circonstances de la vie le permettent.
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Un grand merci pour leur accueil à Pascale, Georges et Clément.
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Bruno