30 décembre 2016

Intermezzo

Ne pas perdre le rythme entre deux fêtes, voilà le mot d’ordre qui nous a poussé à rechercher quelques bouteilles entre Noël et 1er janvier.

Avec une saucisse de morteau et ses lentilles, un Moulin à Vent, domaine des vignes du Tremblay 2012, Paul Janin : un très beau gamay, avec une belle sève, un fruité profond, presque bourguignon. Définition en bouche à la fois ronde et tendue, tannins fondus et acidité mesurée. Jeune certes, mais déjà bien en place pour cette « entrée de gamme ». Un domaine « valeur sure ». Très Bien + (+)
Avec un cabillaud au four, pommes de terre sur une sauce crémeuse, un Chablis, premier cru Beauroy 2008, cave de la Chablissienne : premier cru méconnu, mais d’un intérêt certain. Classique nez chablisien, sur les coquilles d’huitres, des notes de poussière de calcaire, de citron mur et une touche d’exubérance aromatique juste. Bouche sphérique, ronde intégrant un élevage bien réussi, une tension régionale classique et surtout une impression de volume et de soyeux. Nettement au dessus (à mon goût) du Forest 2005 de Dauvissat dégusté récemment. Finale sur une fraîcheur presque mentholée, des notes de grillé très légères et une forme d’appétence noble. Excellent

Bruno

25 décembre 2016

Noël (2)

Deuxième édition, en ce soir de Noël.

A l'apéritif, un Champagne Grand Cru, Blanc de blancs 2002, Pierre Montcuit : ultra-finesse et corpulence élégante pour ce champagne. Fine minéralité très crayeuse, dans le bon sens du terme. Tension et belle charpente, complétée par une aromatique de bon aloi. Finale qui claque sur la langue, dégageant une fraîcheur superlative et une allonge salivante. Excellent +

Avec un foie gras au sel, un Chablis, premier cru la Forest 2005, Vincent Dauvissat : un chablis très typique, finalement peu évolué eu égard à ses 11 ans. Minéralité intense, tendue et droite. Coquilles d’huitres, notes citronnées et un soupçon de rondeur / réglissé lié à l’âge. Finale très droite, traçante, avec peut-être un léger manque de « muscle » (un peu trop linéaire à mon goût). Très Bien +

Avec un rôti de canard au four, un Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains 2006, domaine Chicotot : grand vin encore sur le fruit malgré quelques notes évoluées. Une corbeille de fruits noirs, une touche de réglissé, un soupçon fumé et une pointe de sous-bois au nez. Bouche de belle structure, très séveuse, une trame tannique de caractère affinée et une assise tellurique marquée. L’élégance du pinot, le grain terrien des St Georges et la pâte du vigneron, … tout ça pour définir un grand vin. Bouteille peut-être un peu en retrait de sa sœur dégustée en octobre, mais Dieu que c’est bon. Excellent
Avec une bûche glacée (parfum caramel au beurre salé, slurp !!!), la fin du Pacherenc du Vic Bihl, cuvée Vendémiaire 2008, château Bouscassé qui a pris un supplément de profondeur et de volume. Contre-point parfait entre les amers de l’un et de l’autre. Intégration optimal des sucres et amers grillés/rôtis nobles. Excellent +

Bruno

24 décembre 2016

Noël (1)

A l'apéritif, un Champagne, Diebolt-Vallois, Brut prestige Blanc de blancs : champagne fin, douce minéralité et belle aromatique. Très léger dosage, qui n'altère en rien le côté traçant du vin. Belle fraîcheur et acidité élégante, qui se terminent sur une belle allonge. Excellent

Avec un saumon fumé, quenelle de fromage frais aux herbes et ses blinis, un Chassagne-Montrachet, premier cru la Dent de Chien 2008, château de la Maltroye : le parangon du chardonnay noble. Une robe jaune d'or semi-évoluée. Nez sur la finesse, tendrement grillé, des notes d'amers (déjà !) et une sensation à la fois florale et aromatique. Magnifique bouche d'une complexité superlative : structure corpulente amers nobles type « peau d'amandes » complétés par des notes fumées, léger grillé plutôt en rétro-olfaction. Notes d'évolution modérée, qui viennent compléter le côté traçant du vin. Superbe accord avec le saumon et très longue persistance. Un (presque) grand cru. Exceptionnel

Avec un faisan grillé, un Pernand-Vergelesses, premier cru Ile des Vergelesses 1990, domaine Rapet père et fils : robe rouge sombre légèrement évoluée. Un nez secondaire, presque tertiaire, sur des notes de cuir, de figues et de sous-bois, complétés par un côté toujours fruité, plutôt sur la cerise. Bouche droite, sur un équilibre de fruits noirs, avec un côté fumé toujours présent, laissant une impression de velours. Tannins assagis. Encore une belle énergie tellurique pour ce vin de plus de 25 ans. Du caractère et de la douceur (réglissée) sur la finale. Excellent +

Avec un dessert à base d'ananas et de sorbets divers, un Pacherenc du Vic Bihl, cuvée Vendémiaire 2008, château Bouscassé : une gourmandise sur des notes de fruits exotiques, une touche aromatique et un grillé-rôti noble, laissant une amertume des plus avenantes en finale. Equilibre magistral entre l'acidité et les sucres, la tension et l'aromatique sur l'abricot. Un vin à point aujourd'hui et encore pour de nombreuses années. Excellent (+)

Bruno

17 décembre 2016

C'est Noël avant l'heure

Tant attendu, le voilà arrivé quelques jours avant Noël. C'est déjà la fête avec ces deux coffrets signés Max Capdebarthes, un artisan aveyronnais de Sauveterre de Rouergue.
De quoi ranger mes couteaux … en laissant encore un peu de place pour de futurs achats …
Superbe réalisation « made in France ». Honneur à l'artisanat local.

Quelques images avec la caméra.

Bruno

3 décembre 2016

Dîner gastronomique au restaurant de l'Hostellerie de Levernois

Après un fol anniversaire célébré en grandes pompes l'été dernier, nous revoilà au restaurant de l'Hostellerie de Levernois pour terminer en beauté ce week-end de réapprovisionnement.
Notre pied-à-terre préféré reste l'Hôtel du Parc, qui propose des chambres cosy pour un rapport qualité/prix imbattable. Il ne nous fallu donc que quelques minutes pour rejoindre cet « obscur objet du désir » que constitue cette belle table étoilée.
Dès notre arrivée, et même au « petit », nous sommes toujours impressionnés par la sensation de professionnalisme de la maison, le restaurant gastronomique ne faisant pas exception puisque Mr et Mme Bottigliero viennent nous saluer, ainsi que Mr Bernard qui officiait en salle ce soir.
Mais passons aux choses sérieuses, tout de même.
Apéritif individualisé avec, pour ma part, un verre de Chablis Grand Cru les Clos, 2014, Vincent Dauvissat : grand vin sur sa prime jeunesse, avec une sensation de minéralité terrienne profonde, tension et légère rondeur florale. Belle bouche très chablisienne, sur la coquille d'huitres, le citronné « granuleux » et de beaux amers iodés. Magnifique finale qui claque sous la langue, salivante à souhait. Excellent
Menu « Surprise » une nouvelle fois cette année, avec le parti-pris de ne pas influencer le chef avec nos désirs inavoués tels que le fameux Risotto …

En guide d'amuse-bouche : Un velouté de carottes et petits légumes croquant

Les Noix de Saint Jacques poêllées,
Mousseline de Butternut, Cromesquis et Condiments, sauce Coraillée

Le Dos de Bar rôti, Cèpes,
Gnocchi de Gaudes, Noisettes et jus à l'Huile de pignons de Pin

Le Foie gras d'Oie cuit à la ficelle,
Lentilles du Puy, vermicelle de Châtaignes, Consommé double

La Pomme de Ris de Veau, Légumes en pot au feu et Poitrine croustillante 
Sauce à la Moutarde Fallot
 
Les Fromages

En pré-dessert : Le Cube au Chocolat Guanaja et Bahibé, Menthe poivrée et sorbet Cacao

Le Baba aux Châtaignes poché dans un sirop au Vin de Noix et Chantilly

Pour accompagner le repas, j'ai un peu (plus que d'habitude) laissé libre choix à Nicolas Geoffroy, sommelier de la maison. Grand bien m'a pris puisque la suite ne fût que ravissement :
Corton-Charlemagne Grand Cru, 2011, Pierre-Yves Colin-Morey (carafé) : un nez très opulent, qui note un élevage appuyé mais finalement bien dosé, et déjà parfaitement intégré dans la structure du vin. Grillé salin très tendu, notes minérales sur le nacre, la coquille d'huitres. En bouche, c'est puissant, tendu et traçant sur la base d'une trame acide bien développement. Notes d'amandes grillées assez légère, presque mentholées. Superbe finale traçante. Excellent (+)
Avec le bar, le vin reprend de la puissance et de l'opulence, toujours sur cette base minérale salivante. Quasi-disparition des senteurs / saveurs grillées.
Avec le foie gras, le vin devient plus rond, plus adouci, presque reposé. Opposition très réussis entre le gras de l'oie et la trame minérale du vin.
Vosne-Romanée, premier cru les Chaumes 2013, domaine Georges Noellat (carafé) nez superlatif, m'évoquant les fruits rouges bien murs, la soie et des notes de fumé très élégantes. Une sorte de puissance enrobée dans une coque de douceur. Bouche complètement en accord, avec une tension acide ciselée, des tannins certes encore anguleux mais veloutés et déjà bien civilisés. Finale très persistante, sur les fruits matures. Excellent
Très bel accord avec la Pomme de Ris de Veau.
Avec le plateau de fromages, j'ai toujours coutume de réserve un reste de blanc. Quelle ne fût pas notre surprise de voir notre sommelier préféré arriver avec trois verres pour le antépénultième plat. Notre challenge, trouver le vin …
Donc, c'est un blanc que je perçois comme plutôt fondu, avec une impression de fine minéralité, plus typée pierres chaudes / silex que calcaire ou coquilles d'huitres. Belle maîtrise, avec des notre très fraîches, un peu mentholées et presque secondaires. Premier diagnostic : je pars sur un Meursault de côté, sur terroir peu profond et très minéral, mais je perçois un léger manque de gras. Deuxième diagnostic que je risque à exposer en public : un Puligny … mais de très noble origine, au moins un premier cru dis-je ! Verdict du Président du Jury : Il s'agit d'un Puligny-Montrachet village, 2013, Etienne Sauzet. Très Bien + (+)

Avec le dessert, j'ai commandé un vin, avec un cahier des charges assez précis : pas trop de sucres, une trame plutôt minérale et une aromatique assez affirmée, afin de faire le contrepoint avec le baba aux châtaignes. Résultat des pérégrinations de notre sommelier : un Alsace Grand Cru Mambourg, Gewurztraminer 2011, Paul Blanck : synthèse parfaite de mes désirs. L'aromatique sur la rose, les épices et le litchi du cépage, une trame acide bien présente, des sucres résiduels à moins de 20 g/l pour un vin sec (échelle relative du domaine) et une rondeur toute avenante. Là encore, mission accomplie ! Excellent
Une nouvelle fois, nous adressons nos plus vifs remerciements à toute l'équipe du restaurant de Levernois pour leur accueil, leur disponibilité et leur constance dans le service. Spéciale mention au chef, Philippe Augé qui nous a concocté un menu superbe. Merci à l'équipe en Salle, depuis le chef d'orchestre Bernard jusqu'aux serveurs en passant par Nicolas le sommelier : tout était parfait.
Nous reviendrons avec plaisir et surtout avec une impatience fébrile.

Bruno

Tasting au domaine Chicotot à Nuits Saint Georges


Retour à Nuits St Georges pour finir en beauté ce week-end bourguignon, et c'est naturellement au domaine Chicotot que notre véhicule nous mène, un peu comme s'il connaissait la route.
Chez Pascale, Georges et Clément, on ne vient pas que pour le vin. D'ailleurs, en cave, c'est plutôt discussions, blagues et choses de la vie qui nous intéressent, toujours dans un esprit de décontraction qui fait que, finalement, c'est toujours un moment magique, une sorte de parenthèse dans la vie par trop trépidante.
Merci à toute la famille (même si nous n'avons pas eu le plaisir de discuter avec Clément cette fois-ci) pour leur accueil et leur jovialité, car le vin est partage, bonheur et joie.

Commençons la dégustation par de (trop) rares 2016 sur fûts.
Nous sommes conscients d'être, l'espace d'un instant, des privilégiés pour pouvoir tremper nos lèvres dans un breuvage d'une rareté extrême, millésime tourmenté oblige.
Nuits St Georges, cuvée Velours : fruits très murs, sur le cassis, la myrtille et les épices. Très belle bouche serrée, caractérisée par une grande droiture et une fraîcheur très avenante. Grande promesse
Nuits St Georges, les Allots : structure plus corpulente, soyeuse, sur une base fumée. Très beaux tannins, abondants et de caractère. Sera grand
Nuits St Georges, premier cru en la Rue de Chaux : du gaz certes, mais un grain au nez, sur le café torréfié, les fruits intenses et très murs. Structure serrée en bouche, sur une base puissante, massive et … presque féminine ! Belle acidité marquée. Un potentiel de garde et de plaisir. Excellent
Nuits St Georges, premier cru les Vaucrains : vin superlatif, soyeux et élégant malgré sa corpulence. Un synthèse entre l'immédiateté des Allots et le sérieux des rues de Chaux. Tannins superlatifs. Excellent +
Nuits St Georges, premier cru les St Georges : réduction grillée au nez, notes de fruits torréfiés, fruits noirs profonds, tellurique. Peut-être à un stade moins aimable que les Vaucrains. Très Bien + (+) aujourd'hui (mais c'est un nourrisson).

Continuons avec quelques 2015 encore en élevage.
Bourgogne Coquelicot : joli fruit, belle maturité profonde, potentiel de garde lié à l'acidité. Un vin simple mais terriblement efficace. A boire entre copains l'été. Très Bien
Nuits St Georges, les Allots : charge tannique civilisée, presque crémée. Joli grain en bouche, du relief sur une base fruitée solide. Très belle finale claquante, traçante malgré sa trame encore serrée. Excellent (-)
Nuits St Georges, premier cru en la Rue de Chaux : impression générale de douceur, de grillé noble, de torréfaction. Bouche superbe, entre soie et velours. J'adore ! Excellent
Nuits St Georges, premier cru les Pruliers : très parfumé, presque évanescent sur la poudre de riz. Bouche aromatique, un peu atypique de Nuits, mais classique du climat. Un côté un peu réglissé sur la finale. Très Bien
Nuits St Georges, premier cru les Vaucrains : fruits murs et aromatiques, tannins frais quoiqu'encore anguleux, bouche traçante, droite, et se terminant sur une finale très soyeuse. Excellent +
Nuits St Georges, premier cru les St Georges : à la fois plus de puissance et plus d'élégance, avec une impression poudrée légère mais salivante. Le grand frère du vin précédent, superbe de complexité, de fraîcheur et de structure. Exceptionnel

Place maintenant au millésime 2014 en bouteille, et en vente.
Nuits St Georges, premier cru les Pruliers : vin aimable, plutôt en place, se caractérisant par un équilibre structure / acidité / tannins. Demi-corps soyeux et salivant. Très Bien +
Nuits St Georges, premier cru les Vaucrains : ATTENTION : grand vin (je me répète parfois). Fruité profond, juste maturité du raisin, notes réglissées, une pointe de menthol et d'épices, un peu style Roellinger. La bouche est très belle, en place déjà. Squelette avec une belle allonge, musculature bien présente, laissant une grosse empreinte en finale, sans jamais fatiguer le palais. Grillé ultra-persistant. Exceptionnel
Nuits St Georges, premier cru les St Georges : un peu opposé mais non dénoué d'intérêt. On bascule ici vers un vin puissant, viril et masculin. Grosse amertume sur le zan en finale. Potentiel énorme (et grande garde à prévoir). Le classicisme bourguignon. Excellent (+)

Deux cerises sur le gâteau …
Nuits, premier cru en la Rue de Chaux 1995 : évolution modérée, tant au niveau de la robe que du nez. Notes de cuir, de fourrure et de feuilles mortes. Bouche tout en toucher, à la Mac Enroe pour les adeptes d'un tennis spectaculaire. des touches de végétal noble viennent rafraîchir la bouche, et complexifier les fruits à l'alcool (cerise / kirsch) présents. Tannins polissés qui laissent une belle mâche. Excellent + (+)
Nuits, premier cru les Vaucrains 1957 : servi à l'aveugle, je vais finalement reprendre les notes de juin dernier pratiquement sans les modifier, tant le vin m'a impressionné par sa jeunesse et sa fougue, malgré quelques notes d'évolution modérée. La robe est finalement assez peu évoluée pour un presque sexagénaire. L'évolution sans la révolution j'allais dire au nez ! C'est-à-dire des notes tertiaires, sur les feuilles mortes, des touches de roses fanées, de ronce et surtout de menthol … mais sans ces notes champignonnées qui peuvent parfois déranger. La bouche est éminemment douce, soyeuse et fondue. C'est droit, séveux et avec un beau caractère aérien. Un côté kirch est magnifiquement présent. Tannins encore présents, un peu sucrés, avec une pointe de café. Trame acide encore vivace, tonique en finale, pour allonger à n'en plus finir le vin. A l'aération, les notes mentholées s'amplifient pour le plus grand plaisir de nos sens. On touche la substantifique moelle (François Rabelais). Que dire ? Simplement : merci Pascale.
3 heures passent toujours trop vite en bonne compagnie et c'est avec regret que nous devons repartir vers Beaune. Heureusement, et pour nous consoler, le restaurant de l'Hostellerie de Levernois nous attend pour un bouquet final.
Merci à toute la famille Chicotot pour cette belle parenthèse. RDV pris pour l'an prochain.

Bruno